La Raie au milieu…
Les spécialistes du monde entier s’interrogent : l’eau ne gèle plus et les pôles ainsi que les glaciers se sont mis à fondre. Serait-ce l’aube d’une catastrophe écologique à l’échelle planétaire ? Bruno Daix est un militaire qui aura pour mission d’affronter les Torpédes, sorte de Raies Manta géantes et très belliqueuses, à l’origine de ces dérèglements climatiques. Il sera aidé dans sa tâche par son ami Pol Nazaire, un catcheur professionnel et par Kou-Shein Tchei, spécialiste en langage anciens.
Avant d’acheter l’intégrale, j’avais d’abord eu l’occasion de lire les 3 tomes de manière indépendante. C’est en voyant la couverture des 2 premiers tomes dans les bacs de la médiathèque, que j’ai eu envie de me pencher sur cette série. Premièrement parce que je j’avais beaucoup apprécié quelques mois auparavant Odyssée sous contrôle, dans la même collection chez Ankama. Deuxièmement, parce que je trouvais les couvertures vieillies, aux teintes bleutées, plutôt belles. Enfin, parce que le visage de Bruno, dessiné sur la couverture du tome 1 m’a tout de suite fait penser au personnage de Gail sur la couverture de l’album alter ego – saison 2 tome 2, des 2 mêmes auteurs, que je n’ai jamais lu mais qui m’a toujours donné envie de le lire. Cela sera le cas un jour ou l’autre, très certainement… En attendant, j’avais décidé de commencé par cette autre BD, dessinée également par Mathieu Reynès.
C’est au scénariste Denis Lapière, que les éditions Ankama ont demandé l’adaptation de cet ouvrage de Stefan Wul. Il a eu la lourde tâche de dépoussiérer cette œuvre d’avant-garde, qui évoquait une catastrophe climatique, à l’époque où l’écologie n’était pas forcément « dans l’air du temps ». Par contre, l’idée de départ de l’attaque des Torpédes, ces ennemis mystérieux qui viennent des profondeurs, n’est pas sans rappeler la guerre des mondes d’un certain HG Wells. D’un point de vue de la narration, on ne s’ennuie pas dans ce roman graphique où l’on se laisse porter par l’action qui se met en place très vite. C’est un rythme que l’on va conserver une bonne partie des 3 tomes car même s’il y a des temps de respiration dans le récit, on ne s’ennuie pas et on a l’impression que les scènes s’enchainent à l’instar des comics US. D’ailleurs, je ne sais pas si c’est le scénariste ou le dessinateur qui est fan de Marvel, mais on trouve un clin d’œil à Wolverine qui fait un caméo dans la page 10.
D’un point de vue graphique, les scènes de catastrophe sont très réussies, notamment grâce à l’utilisation de grandes cases qui laisse s’exprimer le talent de l’artiste. Les couleurs également très belles donnent une certaine ambiance et cohérence à l’œuvre. La façon dont Mathieu Raynès envisage un monde futuriste est assez intéressante et il maitrise parfaitement les différents cadrages ainsi que les profondeurs de champs. Visuellement, je trouve les 2 premiers tomes très bons. J’émettrais néanmoins un bémol sur la façon pour Mathieu Raynès, illustre un certain nombre de personnages masculins, un peu trop caricaturaux, notamment le héros qui est représenté avec une coupe de cheveux footballistique et un visage très prognathe. C’est un peu moins vrai dans le dernier tome, puisque c’est Raul Arnaiz, un autre dessinateur qui prend le relais et il rend les personnages un peu plus réalistes. Néanmoins, à part ce point positif, je trouve que le traitement graphique de la dernière partie, n’est pas à la hauteur des 2 premiers tomes. Les dessins du 3 sont un peu figés, les couleurs un peu criardes et le coup de crayon un peu brouillon, voire « flou ». J’avoue ne pas avoir compris pourquoi, il y avait eu un changement de dessinateur en cours de route. Peut-être parce qu’à l’origine cette adaptation devait se décliner sur 2 tomes au lieu de 3 et que Mathieu Raynès n’était plus disponible au moment du dernier opus.
Même si la conclusion est en demi-teinte, cela m’a tout de même donné envie de lire le roman original, ne serait-ce que pour identifier les éléments concordants et divergents ainsi pour voir si la fin est identique. Cela reste tout de même une très bonne série SF, qui fait que j’aimerais aussi lire une autre adaptation d’Ankama, dessinée cette fois-ci par Olivier Vatine : Niourk.
LA PEUR GEANTE
Denis Lapière, Mathieu Reynès & Raùl Arnàiz
140 pages – Couleurs
Date de parution : 05/2017
Editeur : Ankama