Chronique BD publiée en Juin 2025
Autant en emporte les vents…
Fan Man, l’homme au ventilo, c’est l’histoire d’un original complétement déjanté, atteint du syndrome de Diogène, doté d’une activité cérébrale intense, qui n’arrête pas de fumer des herbes douteuses et qui organise des répétitions de la chorale de l’Amour en vue d’un concert dans un parc de New-York.
Sous des allures de clochard – hippie un peu fou, Horse Bardorties a un certain charisme, puisqu’il arrive à convaincre les gens à le suivre dans ses délires. C’est un personnage difficile à cerner, aussi attachant qu’énervant par son côté « je-m’en-foutiste ». C’est peut-être pour cela que toutes les jolies filles semblent attirées par lui bien qu’il ne soit pas spécialement un top model avec sa barbe hirsute et son nez aquilin. Pour rester cool en toutes circonstances, notre héros se balade dans New-York, accompagné d’un petit ventilateur portatif et d’autres accessoires qu’il récupère en chemin.

Lorsque j’ai entendu parler de cet album, la couverture m’a plu et intrigué à la fois. Plu parce que la composition est équilibrée et que le dessin est un peu humoristique. Intrigué parce que le sous-titre de l’album (L’homme au ventilo) laisse présager une histoire absurde. Mon intérêt a été aussi exacerbé par le duo d’auteurs aux manettes de cette œuvre. Je n’ai pas encore pris le temps de lire la série R.IP. qui a fait le succès de Gaet’S et Julien Monier, même si j’en ai souvent eu envie d’après les échos élogieux que j’ai entendus ou lus de part et d’autre.
A l’origine Fan Man est une histoire de William Kotzwinkle, scénariste et romancier américain, paru en 1974, contant les déambulations de Horse BADORTIES dans les rues mythiques du New York des années 60-70’s. Je n’ai pas lu le roman, mais je le lirai peut-être pour me faire une idée et pouvoir comparer les deux versions afin de voir les différences entre l’original et l’adaptation de Gaet’S. Bien que le pitch de cette BD ne soit pas très complexe, le scénariste arrive à en faire une histoire qui tient en haleine sur 130 planches.

Comme R.I.P., cette BD a été éditée par les éditions petit à petit qui définissent cet album comme « une promenade enchantée au cœur d’un New-York Beatnik, Cosmopolite et rugissant ! », ce qui donne le ton de cette BD. On entend beaucoup parler de cet éditeur pour sa collection sur l’histoire des villes de France racontée sous forme de docu-BD. Néanmoins, cet éditeur dispose dans son catalogue d’autres très bons albums comme la série Psycho-investigateur, dessinée par l’excellent Benoît Dahan et scénarisée par Erwan Courbier.
Le coup de crayon semi-réaliste et détaillé dans les décors, de Julien Monier, est adapté à la dimension extravagante qui caractérise le personnage principal de Horse et de l’effervescence de l’autre personnage important de Fan Man, c’est-à-dire la ville. Les couleurs chaudes utilisées par le dessinateur donnent l’impression que l’histoire se passe sous une chaleur estivale. De plus, cela donne une ambiance de quasi-rêve et on se demande presque si en fait toute cette histoire ne se déroule pas dans la tête du héros, un peu comme un tourbillon de folie.

On peut dire que cet album ne laisse personne indifférent et ne fait pas l’unanimité, soit on l’aime soit on le déteste. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié à la fois son scénario loufoque et décalé ainsi que le style graphique que j’ai trouvé rafraîchissant.
FAN MAN, L’HOMME AU VENTILO
Gaet’S & Julien Monier
130 pages – Couleurs
Date de parution : 22/01/2025
Editeur : Petit à Petit
D’après l’oeuvre de William Kotzwinkle